
Les grands cinéastes font des films au moment où ils le doivent. Ni avant, ni après. Pourquoi avoir réaliséVénus noire aujourd'hui ?
Sans doute parce que j'entends la résonance entre cette histoire et notre époque. J'ai rencontré Saartjie Baartman dans les livres et son histoire m'a bouleversé. Elle prolongeait mes interrogations sur le regard qu'on porte à l'autre. J'avais trouvé dans son parcours une façon de questionner le monde sans être, je l'espère, moralisateur. En revanche, je n'ai pas voulu mettre le spectateur dans une position confortable. Ni moi, d'ailleurs. J'ai besoin de me bousculer, de sortir d'un certain confort cinématographique. J'aime ce malaise. Sur ce film, c'était presque une ligne de conduite : Vénus noire ne devait pas être un film agréable. Ne pas enjoliver les choses, même par l'émotion. Enlever toute idée de divertissement.
En quoi ce sujet faisait-il écho à vos préoccupations d'alors, vous qui n'aviez filmé que des histoires contemporaines ?
J'ai d'abord voulu aborder cette histoire sous l'angle de la reconstitution. Je pose les éléments d'une enquête. Saartjie Baartman a passé cinq ans à s'exhiber dans une cage dix heures par jour. Elle était alcoolique. Elle en souffrait. Je m'en suis tenu aux éléments factuels connus par respect pour elle. Je ne voulais pas d'un film romanesque pour faire pleurer dans les chaumières. Il n'y avait pas, non plus, une volonté d'accuser ou de dénoncer. Mais il y avait des questions. Pourquoi cette femme a-t-elle accepté de souffrir autant ? Comment un homme a-t-il pu la disséquer après sa mort contre sa volonté ? Comment arriver à une telle barbarie ?
Pena que não sei Francês!
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